Le 30 mars est la date choisie en l’honneur de l’anniversaire de Vincent Van Gogh, qui aurait probablement souffert du trouble bipolaire. 

Maryline Monroe est née le 1er juin 1926. Elle souffrait sans aucun doute du trouble de la personnalité borderline, alors pourquoi ne pas choisir cette date pour la journée du trouble borderline ?

D’après les études, en France, environ 2,5 % de la population est touchée par des troubles bipolaires, tandis que 4.5 à 6 % est concernée par les troubles de la personnalité borderline. Il existe en fait des journées de sensibilisation pour les deux troubles, mais avec des différences dans leur reconnaissance internationale.

Aux Etats Unis, le mois de mai est le Mois de Sensibilisation au Trouble de la Personnalité Borderline qui est observé en mai aux États-Unis, officiellement reconnu par la Chambre des représentants américaine en 2008.  Ce mois vise à éduquer le public sur ce trouble souvent mal compris et à réduire la stigmatisation qui l’entoure.

En Australie, il existe également une Semaine de Sensibilisation au TPB, observée la première semaine d’octobre, qui a été officiellement reconnue par le Sénat australien en 2014.

Au Canada, bien que le Mois de Sensibilisation au TPB ne soit pas une tradition officielle, des efforts sont faits pour sensibiliser le public à ce trouble qui touche environ 5,4% des Canadiens.

La différence principale réside dans le fait que la Journée Mondiale du Trouble Bipolaire bénéficie d’une reconnaissance et d’une coordination internationales plus importantes, tandis que les initiatives pour le Trouble Borderline sont davantage organisées au niveau national ou régional, sans une journée mondiale unique et universellement reconnue.

Cette disparité peut s’expliquer par plusieurs facteurs :

1/ Stigmatisation persistante Le trouble borderline souffre d’une stigmatisation au sein de la communauté médicale (Nehls, 1998). Les personnes atteintes sont souvent perçues comme « difficiles » ou « manipulatrices », ce qui a contribué à une réticence historique à reconnaître pleinement ce trouble et ses besoins spécifiques. Cette stigmatisation a ralenti les efforts de sensibilisation mondiale. En France, la stigmatisation est encore particulièrement forte, y compris parmi les professionnels de santé. Cette stigmatisation agit comme une double peine : aux symptômes du trouble s’ajoutent le regard des autres, les remarques blessantes et parfois l’abandon social. Les infirmiers en psychiatrie eux-mêmes peuvent manifester des croyances et émotions négatives particulières envers les patients borderline. Une étude réalisée entre 2019 et 2020[1] a montré que : 20% des soignants préféreraient éviter ces patients,12% ne les apprécient pas, 23% les considèrent comme manipulateurs, et près de la moitié manquent de confiance en leur capacité à avoir un impact positif sur ces patients. Ces attitudes négatives peuvent compromettre la qualité des soins et le pronostic des patients. Cette stigmatisation professionnelle affecte aussi les cliniciens qui sont réticents à poser le diagnostic (Chanen, 2013).

Reconnaissance médicale tardive Le trouble de la personnalité borderline a été reconnu officiellement plus tardivement que d’autres troubles mentaux comme le trouble bipolaire. Il n’a été formellement inclus dans le DSM qu’en 1980, ce qui explique en partie le retard dans la mobilisation internationale.

Manque de coordination internationale Contrairement au trouble bipolaire qui bénéficie du soutien d’organisations internationales coordonnées (comme l’ISBD, l’ANBD et l’IBPF), le trouble borderline ne dispose pas d’une coalition mondiale aussi structurée pour promouvoir une journée de sensibilisation internationale.

Complexité du diagnostic La nature complexe du TPB, avec ses symptômes qui peuvent chevaucher d’autres troubles mentaux (et plus particulièrement les troubles bipolaires), a également contribué à une moindre visibilité et reconnaissance dans l’espace public, rendant plus difficile l’établissement d’une journée mondiale dédiée.

Des lacunes dans la formation et les ressources

La psychiatrie française souffre globalement d’un manque de moyens qui affecte particulièrement la prise en charge des troubles de la personnalité. Le trouble borderline reste mal connu dans le système de santé français. Le manque de formation spécifique des professionnels contribue à perpétuer des approches inadaptées. Les experts recommandent d’ailleurs « d’améliorer la compréhension de ce trouble chez les cliniciens » plutôt que d’éviter de poser le diagnostic. Depuis 20 ans, l’Association pour la Formation et l’information du trouble Etat Limite AFORPEL fondée par Pierre Nantas, poursuit ses actions en direction des professionnels de santé mentale pour que ce trouble qui affecte environ 3,6% de la population mondiale et qui est responsable de plus de 10 000 suicides par an en France soit enfin reconnu et enseigné dans les universités françaises.

Pierre NANTAS


[1]

26 septembre 2016

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